NÉPAL, le toit du monde
- Audrey Beauchart
- 21 avr. 2023
- 22 min de lecture
Dernière mise à jour : 30 oct. 2023

4ème étape de mon roadtrip en Asie. J'ai commencé par 1 mois au Vietnam (Lire la suite...), puis 1 mois au Laos (Lire la suite...), 1 mois en Thaïlande (Lire la suite...), je poursuis mon aventure vers le Népal.
INTRODUCTION
Passer de la Thaïlande au Népal, c'est faire le grand écart !
Je passe d'une destination vacances de masse avec îles paradisiaques à 35 degrés à une terre qui s'étire jusqu'au ciel, de la plaine du Gange au toit du monde, avec des températures négatives !

Le Népal est marqué à la fois par l'Inde et le Tibet. Une terre où cohabitent dans l'harmonie, de nombreuses ethnies et deux grandes religions : l'hindouisme et le bouddhisme. C'est un pays multi-ethnique, polyglotte, multi-religieux et multi-culturel. Ce petit pays est totalement enclavé entre deux grandes puissances régionales, l'Inde et la Chine. Il est si fascinant, lui qui est accroché à la chaîne de l'Himalaya, culmine à 8 850 mètres d'altitude, avec le plus connu, l'Everest. Il est le plus haut sommet du monde depuis le niveau de la mer. Ce pays a un relief très varié. Il se constitue d'une série de chaînes de montagnes mais également de larges vallées et plateaux. Le Népal possède 9 des 14 sommets dépassant les 8 000 mètres d'altitude dans le monde. Je vous assure, c'est vertigineux !
Les astuces du pré-départ :
LE VISA :
Obligatoire pour séjourner au Népal. Vous pourrez faire votre visa touristique d'une durée d'un mois, à l'arrivée, directement à l'aéroport. Tout est prévu pour. C'est vraiment top.
Dans l'aéroport, afin d'éviter des files d'attente interminables, vous trouverez à droite, des bornes pour remplir la pré-demande et à gauche l'espace de paiement (50 dollars).
LA CARTE SIM :
Vous pouvez acheter votre carte sim directement dans l'enceinte de l'aéroport. Vous aurez besoin d'une photo d'identité et de +/- 10 dollars.
TELECHARGER VOS APPLIES GRATUITES :
C'est un indispensable pour voyager avec tranquillité. Et surtout, cela m'a sauvé de situations difficiles. Je voyage en solo, et parfois je n'ai pu compter que sur moi même et ma débrouillardise. C'est rassurant de pouvoir trouver son chemin, demander une info dans une autre langue que l'anglais/français, réserver ses transports facilement...
Quelques exemples :

Pathao : pour les taxis et livraisons de repas

Maps.me : pour s'orienter - fonctionne hors connexion

Xe : pour faire la conversion des monnaies.

Google Traduction : pour traduire dans toutes les langues - fonctionne hors connexion
CONVERSION💰:
1000 roupies = 7€73
DECALAGE HORAIRE ⌚:
-3h45 (heure été) ou -4h45 (heure hiver) avec la France
VOCABULAIRE DE BASE 📢 :
Bonjour, au revoir, bienvenue : Namasté
Merci : n'existe pas en népalais
Oui : Ho
Non : Hoïna
Bonne journée : Rāmrō dina !
L'anglais est assez pratiqué au Népal. Il est enseigné aux enfants dans les écoles népalaises dès leur plus jeune âge. Il est le graal pour devenir guide et gagner correctement sa vie.
ITINERAIRE🗺️:
4 jours : Katmandou
12 jours : Trek des Annapurnas
3 jours : Pokara
3 jours : Retour à Katmandou
Cette partie logistique terminée, je vais pouvoir commencer le récit de mon voyage au Népal.
KATMANDOU, Capitale du Népal
J'atterris à la tombée de la nuit. Je sors de l'aéroport, ma carte sim en poche avec des roupies népalaises. Je commande un taxi avec mon applie Pathao. Et déjà, je me laisse envelopper par l'air népalais et l'ambiance qui s'y dégage : une chaleur douce, des népalais serviables et prêts à rendre service, des routes et véhicules d'un autre temps. Je traverse la ville, fenêtre grande ouverte, en essayant de ne perdre aucune des images qui se présentent à moi. Les commerces, les visages, les habits colorés, les rituels, la vie des ruelles, les échoppes à chaque coin de rue...
J'arrive à mon hôtel que j'ai choisi dans le quartier Thamel. Un quartier plutôt sympa pour une première approche du Népal. Il y a une grande concentration de randonneurs car il y a des dizaines de magasins de trekking, des restaurants, des commerces. D'ailleurs les népalais l'appellent le quartier des touristes !
Ma chambre est assez sommaire mais il y a le principal : un lit, un wc et une douche ! Un restaurant, en bas de l'hôtel, propose des plats typiques népalais. C'est bien pratique pour le petit-déjeuner et le diner. L'équipe est super sympa et l'ambiance qui y règne aussi. Au retour, j'ai testé une chambre Luxe pour 500 roupies de plus. Trop bien ! [Hôtel Yala Peak]
Le lendemain, au petit matin, je fais une première immersion au coeur de la ville. Et quelle immersion ! Une pollution indescriptible. Je n'ai jamais vu cela. Un épais nuage surplombe la ville. Il y a de la poussière partout. Elle s'infiltre dans les magasins, recouvre tout sur son passage, la végétation, les objets et nos poumons par la même occasion. Je suis obligée de mettre le masque car il est impossible de respirer.
Le journal Le Monde titre "La mythique Katmandou, temple de la pollution" : L'explosion démographique, doublée d'un trafic incontrôlé, a asphyxié la capitale népalaise !
Je confirme. Ce n'est vraiment pas une légende.
Chaque sortie en ville a son lot de découverte. C'est totalement dépaysant. Katmandou a un air médiéval. Des fenêtres aux boiseries sculptées, des bâtisses en pierre rouge.


Je vis un vrai choc culturel. C'est vraiment surprenant. Pourtant j'ai vu beaucoup de cultures différentes à travers mes voyages (Kenya, Egypte, Sénégal, Bali, Vietnam, Laos, Polynésie...) mais le Népal me montre autre chose. La spiritualité et les rituels sont ancrés au plus profond des népalais.es. Ils rythment leurs quotidiens et leurs approches de la vie. Une philosophie de vie particulière. Ils incarnent l'ouverture d’esprit, la simplicité et l'authenticité. Les Népalais sont profondément respectueux.

Je partage avec vous mes quelques surprises :
Le temple Swayambunath

C'est un des plus anciens et le plus saint des sites bouddhistes de Katmandou. On l'appelle aussi "Monkey temple" en raison du grand nombre de singes qui y vivent.
Il est situé sur une colline à l'ouest et surplombe la ville. Il faut grimper 365 marches mais la vue est imprenable.
Le site se compose d'un grand stupa central entouré d'une myriade de sanctuaires, de temples et de petites boutiques.
Des drapeaux de prières flottent dans les airs, au dessus des édifices. Cela apporte une ambiance de paix et de recueillement. Il y a des moulins à prière que les népalais font tourner à leurs passages, comme un rituel de passage.

J'ai assisté à des cérémonies de baptêmes d'enfants, des rituels religieux. Chaque geste à son symbole, chaque objet sa signification. Le lien avec les esprits et les ancêtres est très fort. La vénération des dieux et déesses reste au centre des pratiques religieuses.


J'y suis restée plus de 2 heures à observer les gens et leurs rituels. Je voulais m'imprégner de cette ambiance et culture népalaise.


Les drapeaux de prière sont des rectangles de tissus où sont écrites des prières. Il y en a de 5 couleurs différentes. Elles ont une signification bien particulière :
bleu : l'espace (la voûte céleste) (Akashpura),
blanc : l'air (ou le vent, les nuages) (Vayapur),
rouge : le feu (Agnipura),
vert : l'eau (Nagpura),
jaune (ou orange) : la terre (Vasupara).


Le sacrifice animal
Ame sensible, passez votre chemin !
Il y a une tradition au Népal qui est le sacrifice animal pour vénérer Dieu et Déesse (tradition hindouiste). Il se pratique pendant les fêtes religieuses, cérémonies (ex : La cérémonie de Gadhimai). Je me ballade tranquillement dans les ruelles de Katmandou, quand un rassemblement de népalais sur le trottoir, attire mon attention. J'entends les cloches de plus en plus fort.
Je m'approche et découvre qu'ils étaient entrain de faire le sacrifice d'une bête en pleine rue, à la machette, avec des rituels bien précis : traçage d'un grand cercle sur le sol avec le sang, offrande et autres gestes de vénération.
C'est dans ces moments-là, que je vis le grand écart des cultures. Je ne vous cache pas ma surprise et dégoût d'assister à cette mise à mort, en pleine rue, devant les passants. Je reste là, spectatrice, sans trop comprendre et savoir quoi faire.



La Kumari, une tradition bien triste
Une Kumari est une jeune fille vénérée comme une déesse vivante au Népal, dans les traditions hindou et bouddhiste.

Comment sont-elle choisies ? La jeune fille doit avoir entre 4 et 14 ans. A l’apparition de ses premières règles, elle n'aura plus le statut de déesse et descendra du trône pour être remplacée par une nouvelle Kumari.
Elle doit répondre à certains critères : ethnie, physique, compétences.
Elle doit subir des épreuves : Elle observe le Dashain (sacrifice de 108 animaux dont elle doit laver le sang). Elle passe la nuit dans une pièce où sont suspendues les têtes des animaux sacrifiés.
Si la fillette n’a pas eu peur, alors elle devient Kumari. Elle est ôtée de sa famille pour habiter dans un temple et être élevée par les moines.
Elle doit respecter des règles strictes comme ne pas marcher par terre (impure), être habillée de rouge. Elle ne doit jamais montrer ses émotions.
J'ai assisté à une sortie de la déesse dans les rues de Katmandou. En effet, elle était dans les bras d'un homme, son visage était figée. Une cohorte l'entourait au son des tambours. A son passage, les népalais faisaient des gestes de vénération.
Le retour à la vie normale est terrible pour ces jeunes filles. Par exemple, elles n'ont jamais mis de chaussures pendant presque 10 ans, elles n'ont aucune vie sociale et sont complètement déconnectées de la vie réelle.
Rencontre d'un Sadhu, un être hors du commun !

Un sadhu est un ascète hindou qui a renoncé à toute attache de la vie matérielle pour se consacrer uniquement à sa quête spirituelle. Ces personnes sont de vrais personnages de film tellement ils sont atypiques. Ils sont généralement peu habillés ou recouverts de pleins de tissus de couleurs. En sanskrit le mot sadhu signifie "bon".
Le "vrai" sadhu ne fait pas l'aumône me raconte Kamal. Il a renoncé au plaisir, à la richesse et au pouvoir. Ils ne possèdent quasiment rien. Ils comptent sur la générosité des gens pour survivre. Les dons sont leur seule manière de se nourrir.

Le rickshaw
Les rickshaw sont une véritable tradition au Népal. Ce sont des vélos tricycles reconditionnés en carrosse !
On trouve généralement sur leur guidon un klaxon artisanal fait de divers objets (bouteille plastique, morceau de pneu...), une banquette de fortune et des décorations florales.
Impossible de ne pas les apercevoir, dès qu'ils vous voient, ils vous sautent dessus et vous supplie de vous emmener n'importe où pour quelques roupies.

Les ruelles népalaises
Echoppes ou marchés, les étales sont toutes très colorés. On trouve de tout, des casseroles en cuivre, des vêtements, des poils de yack, des fruits et légumes, des épices ou écorces d'arbre...
Une multitude de petits temples se dressent sur les petites places de la ville. Il est fréquent d’assister à des cérémonies. Les népalais s'y arrêtent, font sonner la cloche, brulent des bougies ou de l'encens, prient et touchent les statuettes, et repartent.
Beaucoup de personnes gardent en mémoire les dégâts causés par le séisme de 2015. Certaines bâtisses en gardent aussi les stigmates. Des bambous serrent d'étai pour tenir les bâtiments fissurés.



Us et coutumes
Les coutumes religieuses imposent le respect de quelques règles. En voici quelques unes :
- toujours circuler dans le sens des aiguilles d'une montre lors des visites des édifices religieux, stupas notamment.
- tourner les moulins à prière de droite à gauche, et ce de la main droite, la main gauche étant réservée aux tâches "impures".
- entrée de pierre des villages : passer à gauche.

#porte d'entrée d'un village népalais :
- enlever ses chaussures avant de pénétrer dans un monument bouddhiste ou hindou.
- le feu est sacré dans les maisons népalaises. Il ne faut donc y jeter aucun objet.
- élever la voix est généralement mal vu.
- demandez toujours l’autorisation des personnes que vous souhaitez photographier.



Les plats typiques
L'art culinaire au Népal est un savoureux mélange d'influence indienne et tibétaine.
Deux plats sont proposés systématiquement :
- Le dhal bhat : Il est la base de tous les repas. Les Népalais le mangent tous les jours. Ce n'est pas vraiment varié mais ils ont l'habitude de se nourrir ainsi. Le plaisir de la nourriture ne fait pas parti de leur cadre de référence. Ce plat se présente en plusieurs petits bols avec une soupe de lentilles, du riz, un mélange de pomme de terre et légumes au curry, et une crèpe de farine frit. A défaut de variété, quelques dhal bhat particulièrement bien cuisinés se révèlent être de bonnes surprises !

-Les momos
Ce sont des grandes raviolis tibétaines à la viande ou aux légumes frits. Elles peuvent être cuite à la vapeur ou frit. C'est délicieux !

TOUR DES ANNAPURNAS
Mon grand challenge !
Au Népal, je me suis lancée un gros défi, moi qui suis toujours partante pour vivre l'aventure, celui de faire un trek à plus de 5 400 mètres d'altitude. Défi personnel car je ne suis pas une pro de la rando, je n'ai plus 20 ans et mon corps n'est pas de première jeunesse !
Le tour des Annapurnas est l’un des treks les plus emblématiques du Népal. Encadré par une dizaine de géants de plus de 7 000 m (dont l’Annapurna qui culmine à 8 091 m), le massif de l’Annapurna me réserve de belles surprises : un dépaysement et panorama à couper le souffle, la découverte de la culture népalaise mais voilà, ça se mérite !! Je vais devoir aussi traverser un bon nombre de difficultés. C'est là que les choses sérieuses commencent !
Si je laisse mon cerveau me dicter mes peurs et appréhensions, c'est sûr je n'y vais pas !! - Est ce que mon genou va tenir ? et mon dos ? (pour ceux qui me connaissent, j'ai quelques blessures à mon compteur) - Vais-je avoir le mal des montagnes au-delà des 4000 mètres ? - Vais-je pouvoir aller au bout ? - Vais-je supporter les températures négatives ?
Alors j'utilise mes techniques de coaching pour les dépasser et pouvoir atteindre mon objectif, réaliser mon rêve et me mettre en action.
Nourrir la connaissance de soi, expérimenter et tester les peurs, les croyances limitantes, les biais cognitifs qui nous protègent parfois mais qui nous freinent souvent. Me confronter à mes zones d'inconfort et comprendre le processus de dépassement de soi.
Je reviendrais encore plus riche d'expériences pour encore mieux vous accompagner avec Ctoncap. Voilà ma quête pour m'engager dans cette aventure !

Voici le récit jour par jour de mon ascension, avec mes hauts et mes bas, mes réussites et mes difficultés :

JOUR 1
Nous sommes un groupe de 10 personnes. Neuf personnes entre 22 et 30 ans et moi, 50 ans ! Nous avons 4 supers sherpas (Kumar, Hem, Bhim et le jeune Kul), un assistant guide Hom Nath tellement attachant, et Kamal, notre guide. Kamal est une personne d'un grand professionnalisme et sagesse. (Vous le trouvez sur Facebook à Kamal Guide Francophone).
La journée a commencé à 7h00 avec un départ en bus pour 8h de trajet. Kamal nous prévient que cela risque de remuer car les routes sont très abîmées par les moussons de plus en plus violentes depuis quelques année (conséquence du réchauffement climatique).
Ensuite, nous avons enchainé avec 4 heures de Jeep. Et c'est là que les choses sérieuses ont commencé !!
Il pleut averse. Les routes de montagne sont faites de caillasse, de trous et de boue où le véhicule patine à 10 cm de ravin. On est secoué dans tous les sens. Quatre heures comme ça, je vous assure, c'est long. J'ai le dos en compote.
Plus on monte, plus les routes se rétrécissent. Les paysages commencent à être grandioses. C'est immense.
On arrive à 18h30 dans le 1er village Dharapani, à 1700 mètres d'altitude. Il fait déjà froid par rapport à la vallée de Katmandou. Obligée de sortir les doudounes. Repas et au lit pour tout le monde !!


JOUR 2
17 kms et 1000 mètres de dénivelé.
Les sherpas préparent nos sacs à dos avec un cordage (environ 20 kg par porteur) et l'installent sur leur front. Ils vont les porter ainsi pendant 12 jours.
De notre côté, nous avons un sac à dos de journée qui doit peser 7 à 8 kg avec le matériel nécessaire pour un jour de marche : doudoune, gant, 2 litres d'eau, polaire, Gortex, crampons, bâton de marche, PQ, petite trousse à pharmacie, crème solaire, stick à lèvre, appareil photo...
Démarrage avec 2 heures de marche plutôt soft puis une montée raide (heu... très raide !!). Ensuite, nous avons traversé une belle forêt de pins et chênes avant de rejoindre Chame. La vue est remarquable sur l’Annapurna et Manaslu.
Arrêt a Timang pour déjeuner.
Nuit à Chame à 2 680 mètres.


JOUR 3
17 kms et 800 mètres de dénivelé.
Nous avons traversé quelques villages dont Ghurung. Il y a une grande diversité de paysages. C'est vraiment très beau : rivière, sommet enneigé, forêt de pins, villages colorés... C'est une belle découverte et un vrai plaisir de marcher dans ce décor incroyable.
Ensuite, le paysage est devenu plus aride. Le vent a commencé à se lever. L'ascension devient plus rude. Passé le cap des 3 000 mètres, j'ai commencé à avoir mal de tête et les jambes lourdes mais cela ne m'empêche pas d'avancer.
Nous arrivons à Pisang, 3200m. C'est là que nous allons dormir dans un lodge qui surplombe la vallée avec vue sur la montagne. Super beau.
En général, nous arrivons en milieu ou fin de l'après-midi. Chacun a ses petits rituels : préparer le sac de couchage pour la nuit (les températures descendent à - 10 degrés). Faire sa petite lessive et étendre le linge pour espérer qu'il soit sec le lendemain, se réchauffer en buvant de l'eau chaude, préparer les gourdes avec de l'eau filtrée pour le lendemain car le matin tout est gelé, se réchauffer devant le poêle de la salle commune quand il y en a un, faire un brin de toilette ou prendre une douche quand il y a de l'eau chaude.


JOUR 4
23 kms et 700 mètres de dénivelé
La journée a été difficile. Le départ s'est fait à 7h du matin avec 2h de montée costaud. Nous avons fait 8h de marche au total, dont 3h sous la neige et le vent.
Mais malgré l'effort à fournir, la journée était belle en paysage : le parcours vers Manang offre un décor exceptionnel sur la chaine des Annapurnas. La traversée des villages Gyaru et Ngawal est une vraie découverte de la vie locale, simple et rude à la fois.
Au-delà des sublimes cols et pics éternellement enneigés, la multitude d’écosystèmes et les traditions des locaux que je découvre et rencontre au fur et à mesure de ma traversée est un vrai régal. Les paysages alternent les forêts de pins, les vallées émaillées de rhododendrons, les falaises vertigineuses, des vergers en tout genre, des cascades majestueuses, rizières en terrasse.
Nous sommes arrivés trempés et frigorifiés, à Manang, 3540m.


JOUR 5
Cette journée est une journée d’acclimatation à Manang, 3540m.
La Haute Montagne nous impose une rigueur dans l'ascension. Il faut respecter des paliers.
Il faut laisser à notre corps le temps de s'acclimater. Dans tous les cas, la montée toujours de façon progressive.
Voici quelques règles en vigueur : Si vous traversez un point culminant pendant 2 ou 3 heures, vous n'aurez pas le temps de subir les effets du mal des montagnes. Vous pouvez donc gravir plus de 1 000 mètres en une après-midi sans incidence, à condition de ne jamais dormir à plus de 400 mètres de différence entre deux nuits consécutives. En revanche, pour les séjours prolongés, respectez ces paliers :
- 500 mètres par 24h à partir de 3 500 mètres ;
- 300 mètres par 24h à partir de 5 000 mètres.
Et, dans l'idéal, redescendez à une altitude inférieure pour la nuit. Par exemple, montez de 700 mètres puis redescendez à 500 pour passer la nuit.
Nous devions monter jusqu’à la crête du glacier Gangapurna mais le glacier a disparu avec les dérèglements climatiques, donc nous n'y sommes pas allés.
Cette journée d’acclimatation à l’altitude est la bienvenue car j'ai deux symptômes du mal des montagnes (nausées et maux de tête) qui commencent à apparaître. Kamal m'explique qu'à partir de trois symptômes, on commence les médocs et on doit stopper l'ascension. Il nous observe : sommeil, appétit, fatigue, maux diverses... pour vérifier et ne pas prendre de risque. Après une bonne nuit de sommeil, mes forces sont revenues.
Mais une personne du groupe a déclenché le mal des montagnes avec 4 symptômes. Elle a été emmené à l'hôpital de campagne de Manang. Elle est sous perfusion et oxygène. Cet événement a mis le moral à zéro du groupe, avec une prise de conscience que cette ascension peut s'avérer très dangereuse si la prudence n'est pas de mise.
Donc repos obligatoire pour tout le monde, aujourd'hui !


JOUR 6
8h30 : Départ de Manang pour le camp base de Tilicho à 4150m, en passant par Khangsar. Tilicho est un des lacs les plus hauts au monde.
9h30 : Je commence à avoir les symptômes du mal des montagnes qui s'aggravent : forte douleur à la tête avec l'impression que la moitié de mon cerveau est compressé dans un étau, nausée, saignement de nez, fatigue intense. Je m'efforce de continuer malgré tout.
Le guide me prend mon sac de journée pour m'alléger. Je refuse voulant le garder coute que coute mais là, il ne m'a pas laissé le choix. Une partie du groupe se rend compte que je ne vais pas bien. Ils sont tous là autour de moi pour m'encourager. Je m'écroule en larme face à cette bienveillance et leurs aides. Je n'ai pas l'habitude d'accepter l'aide des autres. J'ai toujours avancé seule. Première belle leçon de vie de ce trek : on est plus fort à plusieurs que tout seul. Et pourtant, je le sais car je forme les entreprises à l'intelligence collective mais de le vivre dans une vraie difficulté prend une autre dimension.
12h00 : Je suis obligée de stopper mon ascension. Le guide me prend à part du groupe et me dit que je dois stopper mon ascension. Il refuse que j'aille plus haut. Trop risqué.
Il me propose deux options :
- la première : me faire évacuer en hélicoptère pour rejoindre l'hôpital de Katmandou comme Alice l'autre fille du groupe.
- la seconde : rester une journée/nuit supplémentaire en acclimatation, tout en sachant qu'il y a un risque. Si mes symptômes d'aggravent dans la nuit je ne pourrais pas être secouru entre 15h et 9h le lendemain car l'hélico ne vole pas sur ce créneau, trop dangereux.
Quel dilemme ! La vie vaut-elle que je prenne ce risque ? Dois-je abandonner ? Cette pensée me fait frémir !
Le guide me dit : " la renonciation est parfois le plus grand courage et la plus grande sagesse". Deuxième leçon de vie de ce trek : la renonciation. Un mot que je n'ai jamais utilisé dans ma vie. Jamais je n'ai renoncé ! Alors il a fallu que j'apprivoise cette idée.
Je choisi de faire une journée d'acclimatation de plus et prendre ce risque de ne pouvoir être secouru, me disant que si demain les symptômes sont toujours là, je renoncerai.
Le groupe continue vers le lac Tilicho et je reste 1 nuit à 3 950 mètres pour acclimatation avec un des porteurs, au cas où...
13h00 : Si demain mes symptômes ont disparu, je pourrais continuer. Dans le cas contraire, retour au point de départ et le trek sera terminé pour moi. Évacuation en hélicoptère.
J'ai le moral au plus bas. Mais je croise les doigts pour pouvoir continuer.


JOUR 7
Nuit difficile avec beaucoup de douleurs au ventre mais contre toute attente, le réveil est encourageant. Les maux de tête, nausées ont pratiquement disparu. La fatigue est encore présente.
Je profite de la journée pour me reposer au maximum. Je ne fais pratiquement rien. J'économise mes forces. Je tente de me réchauffer en buvant de l'eau chaude toute la journée.
Un autre groupe s'est installé dans la salle principale. Une prof de yoga fait un cours. Je les regarde avec l'envie de les rejoindre mais je n'en ai pas la force.
La fin de l'après-midi arrive vite et je vois revenir mes collègues de trekking. Ils sont tous crevés. L'ascension au lac était une très très dure journée. Kamal me rejoint pour prendre de mes nouvelles. Je vais pouvoir continuer avec eux !


JOUR 8
Aujourd'hui, nous avons marché 13 kms, avec 300 mètres de dénivelé. Vous me direz facile !! Oui mais... pas si simple quand on dépasse les 4 000 mètres d'altitude. Notre niveau d'avancement est très lent. Il est impératif de ne jamais aller vite. Il ne faut jamais accélérer car la récupération en altitude est plus délicate qu’en bas.
Départ de Shreekharka pour Yak Kharka à 4040m, 4h30 de marche avec le passage d'un col à 4200m. J'ai eu beaucoup de mal à respirer dans les montées. Chaque pas me demande dix fois plus d'effort. Le manque d'oxygène pèse sur mon organisme : fourmillements dans les mains, saignements de nez, cage thoracique compressée .
Deux autres filles du groupe sont dans le même état que moi, égoïstement, c'est rassurant. Les garçons ont l'air de mieux résister. Je pense que l'âge doit jouer aussi.
Conclusion de cette journée : J'ai passé une très bonne journée avec dépassement du palier des 4 000 mètres. A notre arrivée au lodge, les guides et porteurs ont chanté et joué de la guitare. C'était super chouette de les voir heureux et de les entendre tous en coeur. Une super ambiance de colonie de vacances. Et cerise sur le gâteau, j'ai vu les yacks !! Ils étaient là, dans la neige, paisibles.


JOUR 9
9 km et 400 mètres de dénivelé.
Montée progressive, parfois raide jusqu’au pied de la montagne "Throng Phedi".
La neige est tombée toute la nuit. Un manteau blanc a recouvert toutes les montagnes. C'est vraiment très beau. Les paysages sont magnifiques. On a marché dans la poudreuse, les guêtres et crampon aux pieds.
L'après midi, il a fallu éviter des chutes de pierres qui déboulent à une vitesse folle du haut de la montagne. C'était vraiment impressionnant ! Là, j'entends "speed running", courir à 4 500m d'altitude avec un sac à dos au bord d'un précipice sur un chemin de 50 cm de large, n'est pas de toute facilité. Mais, je vous assure que lorsque j'ai entendu les pierres roulées vers moi, j'ai trouvé la force de courir !! Une randonneuse a eu moins de chance et en a reçu une sur la tête.
Nous sommes arrivée à Thorong base camp à 4540 mètres.
Ici le groupe se sépare en deux : - Une moitié reste là pour dormir et respecter le palier. J'en fais partie. Nous sommes tous plus ou moins malades et l'altitude pèse sur nos organismes. - L'autre moitié monte à 4800 mètres et dors là-haut. Nous les rejoindrons demain matin avec un départ plus tôt, à 3h30 du mat avec la frontale, pour attaquer la journée la plus dure du trek.
Nous avons eu des nouvelles d'Alice, la fille qui a été évacuée en hélicoptère. Elle retourne à l'hôpital pour la seconde fois car elle a rechuté.


JOUR 10
Journée ultime. Le graal que nous souhaitons tous atteindre. C'est le grand départ pour le col. La journée commence très tôt, mais il fait encore nuit : 3h00 du mat : réveil (nous étions 4 dans la chambre dont une personne du groupe malade comme un chien, j'ai donc dormi 1h) 3h30 : petit déjeuner 4h00 : Départ pour affronter la longue montée jusqu’à Thorong Pass.
Quatre heure de montée non stop dans la neige, à la frontale car il fait nuit. Il fait très très froid, -10 degrés. Le vent est glacial. C'est vraiment dur. Je suis très concentrée sur chacun de mes pas car le chemin enneigé est très étroit. Un seul faux pas, peut être fatal. On avance très lentement, pas à pas. Ma respiration est difficile. L'air n'a pas assez d'oxygène et il est froid. Il brûle les poumons.
C'est un combat avec moi-même de chaque instant. Mes jambes flagellent, je suis transie de froid et pour autant je ne peux pas reculer. Il faut que je trouve la force et avancer.
Je puise au fond de moi toutes mes ressources et énergie pour y arriver. Ma tête est enfoncée dans mon parka pour me protéger du vent. J'arrive à peine à tenir mes bâtons de marche avec la grosseur de mes gants. Tous les muscles de mon corps sont contractés. Mais ma détermination est intacte. A chaque nouveau pas, je me dis que c'est un pas de plus vers la victoire. Et puis, à un moment je lève la tête et je vois le col, le plus haut de la montagne.
J'arrive à 5 416 mètres.
Je suis en haut, au col. Ca y est. Victoire. J'ai réussi.
Je suis frigorifiée.
Je n'ai jamais eu aussi froid de ma vie ! Je grelotte de tous mes membres. Le guide m'apporte une tasse d'eau chaude. Je suis remplie d'émotion. Une larme s'échappe de mes yeux. Je bois mon liquide chaud, je reprends mes esprits.


JOUR 11
Et oui une fois arrivée en haut, il faut redescendre !
Nous attaquons sans tarder la descente avec nos crampons.
Au bout de deux heures de descente, les paysages commencent à changer. On passe des montagnes blanches enneigées à des montagnes désertiques sans végétation.
Nous arrivons à Muktinath, lieu de pèlerinage pour les hindous et les bouddhistes, à 3700m.
Les symptômes du mal des montagnes se dispersent pour laisser la place à une grande fatigue, voir un épuisement total.
Je retrouve un peu de confort dans un hôtel de la ville : un vrai lit, une douche chaude, de la chaleur, un bon repas. L'essentiel !



POKHARA
Je fais le grand écart en quelques heures : je passe d'une température de -10 à 30 degrés, d'une vie sans confort à celle des hôtels. J'avoue que ce fut un réel plaisir de dormir dans un bon lit au chaud et de pouvoir prendre une vraie douche sans se contracter à cause du froid !
Pokhara est une ville située sur le lac Phewa, dans le centre du Népal. Elle constitue un point d'entrée ou de retour du grand tour des Annapurnas. Pokhara est situé à environ 200 km à l'ouest de Katmandou .
A Pokara, j'ai visité :
Sur la colline, au-dessus du lac se trouve le Shanti Stupa, souvent représenté comme le symbole de la ville. Il est orienté vers le monde extérieur : ses quatre bouddhas ont été apportés de différents pays - le Japon , le Vietnam et la Chine (le quatrième Bouddha est «local», népalais). Autour du lac, il y a beaucoup d’hôtels et de bases nautiques où vous avez la possibilité de louer un kayak pour une après-midi.


Le temple de la déesse Kali
Des sacrifices rituels y sont encore pratiqués (les animaux et les oiseaux servent de victimes) : âmes sensibles s’abstenir pour les visites.
Les transports pour rejoindre Katmandou
Les bus touristiques
Il y en a tous les jours et surtout les matins. Le coût du voyage est de 7-10 dollars américains. Il y a même des bus de nuit mais vu l'état de la route, je n'ai pas osé !
Les avions népalais
Il sont tous classés sur liste noire. Il y a régulièrement des accidents avec beaucoup de morts donc je ne vous le conseille pas. Perso, j'ai préféré prendre un bus pendant 12 heures que de faire 1h d'avion et risquer réellement ma vie !
Dernier jour avant le grand retour en France :
Je profite de chaque instant, je continue à vadrouiller dans les ruelles, à shooter avec mon appareil photo et revenir riche de belles images et expériences.
J'observe les gens, je contemple et m'enivre de cette culture si différente de la mienne. J'entends les cloches tinter à chaque passage d'un népalais devant les temples, l'odeur des bâtons d'encens, le meuglement d'une vache en pleine rue qui se mêle aux klaxons et aux clochettes des rickshaws. Les échoppes débordent de bric à brac. Les moulins à prières tournent au grés du vent ou des mains qui s'y attardent. Les sourires des uns, les chants des autres, le marchandage et le commerce battent leur plein. Le Népal se réveille dans sa douce lumière ocre, les habits de couleurs brillent dans nos yeux. Il est temps de dire au revoir !



MA CONCLUSION
Le Népal a été l'étape ultime du dépassement de soi. Gravir un col à 5416 mètres alors que je n'avais jamais réellement fait de Haute altitude était un vrai challenge à relever. Je voulais le réaliser pour mieux me découvrir et analyser les schémas psychologiques. L'objectif, mieux accompagner mes clients en coaching et en formation.
Le Népal, c'est un dépaysement assuré tant au niveau de la culture que des modes de vies. Je quitte ce pays avec une note de nostalgie car je sais qu'il était la dernière étape de mon roadtrip en Asie.
C'est le Clap de fin !
112 jours de voyages en solo, quelle aventure et quelle expérience.
- J'ai voyagé en avion, train, bus et sleeping bus, en minivan, bateau, ferry, longue queue et pirogue, en taxi, tuktuk mais aussi en tracteur, à pied, en vélo, en scooter, en barque bambou, ou sur le dos d'un âne.
- J'ai traversé les rizières, les ponts suspendus, les ponts bambous, la jungle, la mer et les rivières, les montagnes et même un col à 5416m.
- J'ai croisé des singes, des yacks, des éléphants, des tortues et des poissons-coffres, des ânes et des buffles, des serpents et des ours, des petits margouillas et des gros varans, des cigales comme jamais j'en ai entendu et des calaos.
- J'ai parlé avec un vieux monsieur laotien qui m'a raconté la guerre, avec les mokens qui sont le peuple de la mer en Thaïlande. J'ai écouté Kamal qui m'a conté son amour de jeunesse népalaise avec laquelle il n'a pas pu se marier car elle n'était pas de la même caste.
- J'ai vécu dans une famille de l'ethnie des Hmongs, j'ai parlementé avec les représentants du ministère de l'éducation du Laos pour finaliser le projet de construction de toilettes dans une école d'un village, j'ai joué avec les enfants, j'ai chanté l'hymne français et écouté celui du Laos, j'ai dansé pour mon anniversaire avec les locaux, j'ai plié des papiers votifs pour la fête du Têt, j'ai testé les hôpitaux, j'ai enseigné l'anglais dans des écoles reculées, j'ai participé à la cérémonie du Bassi et au Tak bat des moines. J'ai assisté à la rare cérémonie des empereurs.
- J'ai dormi dans des lits de fortune, sur des nattes en bambous, dans des guests house, des lodges, sous des tentes, dans des bungalows bambou, des cabanes en bois, chez l'habitant ou à la belle étoile.
- J'ai vu des horreurs, la pauvreté, les maladies, le manque d'hygiène, le désastre écologique, des sacrifices animale. J'ai vu la beauté de notre planète, des couchers de soleil, des îles paradisiaques, des grottes splendides, des cascades, des vues extraordinaires, des sourires sincères et des visages éclairés.
- J'ai eu très chaud ou très froid, très humide, j'ai cherché ma route, j'ai erré au gré de mes envies, j'ai vécu dans l'instant présent, j'ai souffert parfois, j'ai dépassé mes limites, j'ai rie, j'ai pleuré, j'ai dansé, j'ai chanté. Mais surtout j'ai contemplé, j'ai souri comme le bouddha, je me suis réjouie, je me suis sentie libre, j'ai écrit beaucoup, j'ai pensé et rêvé, j'ai compris.

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Bonjour et bravo, je viens de lire ton récit sur le trek aux Annapurna, je suis impressionnée. Nous sommes aussi en trek avec Kamal, super guide plein de sagesse et d‘experience. Tes photos sont magnifiques et vais découvrir les autres aventures que tu partages sur ton blog. Bonne acclimatation en France Maria